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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/264

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qui eussent permis à chacun de cultiver le sol s’il le voulait, et des lois pour niveler riches et pauvres dans leurs droits civiques.

Il s’insurgeait quand on le forçait à payer la dîme ; il s’emparait de vive force des municipalités pour frapper les prêtres et les seigneurs. Bref, il maintenait une situation révolutionnaire dans une bonne partie de la France, tandis qu’à Paris il surveillait de près ses législateurs, du haut des tribunes de l’Assemblée, dans les clubs et dans les sections. Enfin, lorsqu’il fallait frapper la royauté de vive force, il s’organisait pour l’insurrection et combattait, le 14 juillet 1789 et le 10 août 1792, les armes à la main.

D’autre part, la bourgeoisie, ainsi que nous l’avons vu, travaillait avec énergie à achever « la conquête des pouvoirs », – le mot date déjà de cette époque. À mesure que le pouvoir du roi et de la Cour s’effritait et tombait dans le mépris, la bourgeoisie s’en emparait. Elle lui donnait une assiette solide dans les provinces et elle organisait en même temps sa fortune, présente et future.

Si, dans certaines régions, la grande masse des biens confisqués aux émigrés et aux prêtres avait passé, par petits lots, aux mains des pauvres (c’est ce qui ressort, du moins, des recherches de Loutchistzky[1], dans d’autres régions, une immense partie de ces biens avait servi à enrichir les bourgeois, tandis que toutes sortes de spéculations financières posaient les fondements d’un grand nombre de fortunes du Tiers-État.

  1. Izvestia (Bulletin) de l’Université de Kieff, année XXXVI, nos 3 et 8.