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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/27

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droit à la nation à toutes les propriétés foncières, ainsi qu’à toutes les richesses naturelles — forêts, rivières, chutes d’eau, etc. — n’était-il pas l’idée dominante des écrivains précurseurs de la Révolution, ainsi que de l’aile gauche des révolutionnaires populaires pendant la tourmente elle-même ?

Malheureusement, ces aspirations communistes ne prenaient pas une forme nette, concrète, chez les penseurs qui voulaient le bonheur du peuple. Tandis que chez la bourgeoisie instruite, les idées d’affranchissement se traduisaient par tout un programme d’organisation politique et économique, on ne présentait au peuple que sous la forme de vagues aspirations les idées d’affranchissement et de réorganisation économiques. Souvent ce n’étaient que de simples négations. Ceux qui parlaient au peuple ne cherchaient pas à définir la forme concrète sous laquelle ces desiderata ou ces négations pourraient se manifester. On croirait même qu’ils évitaient de préciser. Sciemment ou non, ils semblaient se dire : « À quoi bon parler au peuple de la manière dont il s’organisera plus tard ! Cela refroidirait son énergie révolutionnaire. Qu’il ait seulement la force de l’attaque, pour marcher à l’assaut des vieilles institutions. — Plus tard, on verra comment s’arranger. »

Combien de socialistes et d’anarchistes procèdent encore de la même façon ! Impatients d’accélérer le jour de la révolte, ils traitent de théories endormantes toute tentative de jeter quelque jour sur ce que la Révolution devra chercher à introduire.

Il faut dire que l’ignorance des écrivains — citadins et hommes d’étude pour la plupart, — y était pour