Aller au contenu

Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

empressée de détruire entièrement, malgré sa promesse, le régime seigneurial et domanial, après avoir pris soin de conserver les droits les plus considérables » [tous ceux, nous l’avons vu, qui avaient une valeur réelle], « pousse la générosité jusqu’à en permettre le rachat ; mais aussitôt elle décrète, en réalité, l’impossibilité de ce rachat… Le cultivateur avait imploré, exigé des réformes, ou plutôt l’enregistrement d’une révolution déjà faite dans son esprit, et inscrite, il le pensait du moins, dans les faits ; les hommes de loi ne lui donnaient que des mots. Alors il sentit que les seigneurs avaient encore une fois triomphé » (p. 120).

« Jamais législation ne déchaîna une plus grande indignation. Des deux côtés on semblait s’être promis de ne pas la respecter » (p. 212).

Les seigneurs, se sentant soutenus par l’Assemblée nationale, se mirent alors à réclamer avec fureur toutes les redevances féodales que les paysans avaient cru bel et bien enterrées. Ils exigeaient tous les arriérés, et les procès pleuvaient par milliers sur les villages.

D’autre part, les paysans, ne voyant rien venir de l’Assemblée, continuaient dans certaines régions la guerre contre les seigneurs. Un grand nombre de châteaux furent saccagés ou brûlés, tandis qu’ailleurs les titres seuls furent brûlés et les offices des procureurs fiscaux, des baillis et des greffiers furent mis à sac ou brûlés. L’insurrection gagnait en même temps les parties occidentales de la France, et en Bretagne trente-sept châteaux furent brûlés dans le courant de février 1790.

Mais lorsque les décrets de février-mars 1790 parvin-