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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/292

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elle armait cette bourgeoisie de pouvoirs de plus en plus menaçants pour empêcher la gent pauvre de continuer ses révoltes.

Et cependant, ce n’étaient que les révoltes de ces pauvres qui allaient permettre plus tard, en 1792 et 1793, de porter le coup de grâce à l’ancien régime[1].

Voici donc sous quel aspect se présentaient les événements.

Les paysans, qui avaient commencé la révolution, comprenaient parfaitement qu’il n’y avait rien de fait. L’abolition des servitudes personnelles avait seulement réveillé leurs espérances. Il s’agissait maintenant d’abolir les lourdes servitudes économiques de fait — pour toujours, et sans rachat, bien entendu. En outre, le paysan voulait reprendre possession des terres communales.

Ce qu’il en avait déjà repris, en 1789, il tenait d’abord à le garder et à obtenir pour cela la sanction du fait accompli. Ce qu’il n’avait pas réussi à reconquérir, il voulait l’avoir, sans tomber pour cela sous le coup de la loi martiale.

Mais à ces deux volontés du peuple la bourgeoisie s’opposait de toutes ses forces. Elle avait profité de la révolte dans les campagnes en 1789 contre le féodalisme,

  1. On lira avec intérêt chez M. Aulard (Histoire politique de la Révolution française, 2e édition, Paris, 1903) les pages (55-60) dans lesquelles il montre comment l’Assemblée travailla à empêcher que le pouvoir tombât entre les mains du peuple. L’observation de cet auteur sur la défense qui fut faite, par la loi du 14 octobre 1790, aux citoyens des communes de se réunir pour discuter de leurs affaires, autrement qu’une fois par an pour les élections, est très juste.