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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/307

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restait toujours debout. Le roi, autour duquel se ralliaient les possédants, restait encore très puissant. Les Jacobins eux-mêmes n’osaient l’attaquer.

Mais, cette nuit que le roi, déguisé en domestique et gardé par les paysans, passa dans l’arrière-boutique d’un épicier de village, coudoyé par les « patriotes », à la lumière d’une chandelle plantée dans une lanterne, — cette nuit où le tocsin sonna pour empêcher le roi de trahir la nation, et où les paysans accourent pour le restituer prisonnier au peuple de Paris, — cette nuit la royauté s’effondrait pour toujours. Le roi, autrefois symbole de l’unité nationale, perdait sa raison d’être en devenant le symbole de l’union internationale des tyrans contre les peuples. Tous les trônes en Europe s’en ressentirent.

En même temps, le peuple entrait en lice pour forcer désormais la main aux meneurs politiques. Ce Drouet qui agit de sa propre initiative et déjoue les plans des politiciens ; ce villageois qui, dans la nuit, de son propre élan, pousse sa bête et lui fait franchir au galop côtes et vallons, à la poursuite du traître séculaire — le roi, — c’est l’image du peuple qui, dès lors, à chaque moment critique de la Révolution, va prendre les affaires en mains et dominer les politiciens.

L’envahissement des Tuileries par le peuple au 20 juin 1792, la marche des faubourgs de Paris contre les Tuileries le 10 août 1792, la déchéance et le reste, tous ces grands événements s’ensuivront désormais comme une nécessité historique.

L’idée du roi, lorsqu’il essaya de s’évader, était de se mettre à la tête de l’armée que commandait Bouillé, et,