Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/319

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sans-culotte. » C’est seulement à la guerre que ce ministère poussa avec fureur, contre l’avis de Marat et de Robespierre, et le 20 avril 1792, les Girondins triomphaient. La guerre était déclarée à l’Autriche, ou, comme on disait alors, « au roi de Bohème et de Hongrie ».


La guerre était-elle nécessaire ? Jaurès (Histoire Socialiste, La Législative, p. 815 et suivantes) s’est posé cette question, et pour la résoudre il a mis sous les yeux du lecteur beaucoup de documents de l’époque. Et la conclusion qui découle de ces documents, et que l’auteur lui-même en déduit, est celle à laquelle arrivaient Marat et Robespierre. La guerre n’était pas nécessaire. Les souverains étrangers craignaient certainement le développement des idées républicaines en France ; mais de là, à courir dégager Louis XVI, il y avait loin : ils hésitaient à s’engager dans une guerre de ce genre. Ce furent surtout les Girondins qui voulurent la guerre et qui y poussèrent, parce qu’ils voyaient là le moyen de combattre le pouvoir royal.

La vérité, là-dessus, Marat l’avait bien dite, d’ailleurs, sans phrases. — Vous voulez la guerre, disait-il, parce que vos ne voulez pas de l’appel au peuple pour porter à la royauté le coup décisif. À cet appel au peuple, les Girondins et une masse de Jacobins préféraient l’invasion étrangère qui, en réveillant le patriotisme et en mettant à nu les trahisons du roi et des royalistes, amènerait la chute de la royauté, sans qu’il y eût un soulèvement populaire. — « Il nous faut de grandes trahisons », disait Brissot — cet homme qui haïssait le