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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/325

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Lafayette, chef des Feuillants et royaliste au fond, s’empressa d’écrire sa fameuse lettre à l’Assemblée législative (datée du 18 juin), par laquelle il lui offrait de faire un coup d’État contre les révolutionnaires. Il demandait ouvertement que l’on épurât la France des révolutionnaires, et il ajoutait que dans l’armée, « les principes de liberté et d’égalité sont chéris, les lois respectées, et la propriété sacrée » — pas comme à Paris, par exemple, à la Commune et chez les Cordeliers, où l’on se permettait de l’attaquer.

Il demandait — et cela donne la mesure de la réaction – que le pouvoir royal fût intact, indépendant. Il voulait « un roi révéré », — ceci, après la fuite de Varenne ! ceci, au moment même où les Tuileries préparaient une correspondance active avec l’Autriche et la Prusse, attendant d’elles sa « libération », et traitait l’Assemblée avec plus ou moins de mépris, selon la teneur des nouvelles qu’il recevait concernant les progrès de l’invasion allemande.

Et dire que l’Assemblée fut sur le point d’envoyer cette lettre de Lafayette aux 83 départements, et que seules les ruses des girondins l’empêchèrent, — Guadet prétendant que cette lettre était un faux, qu’elle ne pouvait venir de Lafayette ! Tout cela, deux mois à peine avant le 10 août !

Paris était inondé à cette époque de conspirateurs royalistes. Les émigrés allaient et venaient librement entre Coblentz et les Tuileries, d’où ils revenaient caressés par la Cour et rapportant de l’argent. « Mille tripots étaient ouverts aux conspirateurs », dit Chau-