Aller au contenu

Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/360

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’entendre avec eux sur les moyens de soulever encore une fois le peuple, comme au 14 juillet, — cette fois-ci pour donner l’assaut définitif à la royauté. Ils finirent par comprendre que si le provisoire durait encore, la Révolution allait sombrer avant d’avoir rien achevé de définitif.

Ou bien on ferait appel au peuple, et alors on lui laisserait pleine liberté de frapper ses ennemis comme il l’entendait, et d’imposer ce qu’il pourrait imposer aux riches en frappant leurs propriétés. Ou bien la royauté l’emportait dans la lutte, et c’était le triomphe de la contre-révolution, la destruction du peu que l’on avait obtenu dans le sens de l’égalité. C’était, dès 1792, la terreur blanche de 1794.


Ainsi il y eut entente entre un certain nombre de Jacobins avancés (ils siégèrent même dans un local séparé) et ceux qui, dans le peuple, voulaient frapper le grand coup contre les Tuileries. Mais du moment où cette entente fut faite, du moment où les « chefs d’opinion » — les Robespierre et les Danton — promirent de ne plus s’opposer au mouvement populaire, mais de le soutenir, le reste fut laissé au peuple, qui comprend mieux que les chefs de partis, la nécessité d’une entente préalable, lorsque la révolution est sur le point de frapper un coup décisif.

L’accord une fois fait, la communauté d’idées établie, le peuple, le Grand Inconnu, se mit alors à préparer l’insurrection, et il créa spontanément, pour les besoins du moment, l’espèce d’organisation sectionnaire qui fut jugée utile pour donner au mouvement la