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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/370

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devait être faite « par bail, à rente en argent », toujours rachetable. C’est-à-dire que celui qui n’avait pas l’argent pouvait acheter tout de même, à condition de payer un bail perpétuel, qu’il pourrait racheter un jour. C’était avantageux, évidemment, pour les paysans pauvres. Mais on comprend que sur place toutes sortes de difficultés furent faites aux petits acheteurs. Les gros bourgeois préféraient acheter les biens des émigrés en gros, pour les revendre plus tard au détail.

Enfin — et c’est encore très typique — Mailhe profita de l’état des esprits pour proposer une mesure vraiment révolutionnaire, qui reviendra plus tard, après la chute des Girondins. Il demanda que l’on cassât les effets de l’ordonnance de 1669, et que l’on forçât les seigneurs à rendre aux communes villageoises les terres qui leur avaient été enlevées à la suite de cette ordonnance. Sa proposition, cela va sans dire, ne fut pas votée ; il fallait pour cela une nouvelle révolution.


Ainsi donc, voici les résultats du 10 août :

La royauté est abattue, et maintenant il serait possible à la Révolution d’ouvrir une nouvelle page dans le sens égalitaire, si l’Assemblée et les gouvernants en général ne s’y opposaient pas.

Le roi et sa famille sont en prison. Une nouvelle Assemblée, la convention, est convoquée. Les élections se feront au suffrage universel, mais toujours à deux degrés.

On prend quelques mesures contre les prêtres qui refusent de reconnaître la Constitution, et contre les émigrés.