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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/398

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À la Force, il y eut aussi beaucoup d’acquittements ; au dire de Tallien, il n’y eut qu’une femme qui périt, madame de Lamballe. Chaque acquittement était salué par des cris de Vive la Nation, et l’acquitté était reconduit jusqu’à son domicile par des hommes de la foule, avec toutes les marques de sympathie ; mais son escorte refusait de absolument recevoir de l’argent du libéré ou de sa famille. On acquitta ainsi des royalistes, contre lesquels il n’y avait cependant pas de faits avérés, comme le frère du ministre Bertrand de Molleville, et même un ennemi acharné de la Révolution, l’Autrichien Weber, frère de lait de la reine, et on les reconduisait en triomphe, avec des transports de joie, jusque chez leurs parents ou amis.

Au couvent des Carmes, on avait commencé à incarcérer des prêtres depuis le 11 août, et là se trouvait le fameux archevêque d’Arles, que l’on accusait d’avoir été la cause du massacre des patriotes dans cette ville. Tous, ils devaient être déportés, lorsque survint le 2 septembre. Un certain nombre d’hommes armés de sabres firent irruption ce jour-là dans le couvent et tuèrent l’archevêque d’Arles, ainsi que, après un jugement sommaire, un nombre considérable de prêtres qui refusaient de prêter le serment civique. Plusieurs se sauvèrent cependant en escaladant un mur, d’autres furent sauvés, ainsi qu’il ressort de la section du Luxembourg, et par des hommes à piques en station dans la prison.

Les massacres continuèrent encore le 3, et le soir le Comité de surveillance de la Commune expédiait dans les départements, sous le couvert du ministre de la jus-