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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/419

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ton, que la Révolution avait porté au poste de ministre de la Justice. Ce Conseil n’avait pas de président ; chaque ministre présidait pendant une semaine, à tour de rôle.

La Convention confirma cet arrangement ; mais Danton, qui était devenu l’âme de la défense nationale et de la diplomatie et qui exerçait une influence prépondérante dans le conseil, fut forcé par les attaques de la Gironde à démissionner. Il quitta le ministère, le 9 octobre 1792, et fut remplacé par l’insignifiant Garat. Après quoi Roland, ministre de l’intérieur, qui garda ce poste jusqu’en janvier 1793 (il démissionna après l’exécution du roi), devint l’homme le plus influent du Conseil exécutif. À ce poste, il exerça toute son influence, et permit aux Girondins qui se groupaient autour de lui et de sa femme de déployer toute leur énergie, pour empêcher la Révolution de se développer sur les grandes lignes qui lui avaient été indiquées depuis 1789 : l’établissement de la démocratie populaire, l’abolition définitive du régime féodal et l’acheminement vers l’égalisation des fortunes. Cependant Danton resta l’inspirateur de la diplomatie, et lorsque le Comité de salut public fut institué, en avril 1793, il devint le véritable ministre des Affaires étrangères de ce Comité[1].

Arrivée au pouvoir et dominant la Convention, la Gironde ne savait cependant rien faire de positif. Comme l’a très bien dit Michelet, « elle pérorait », mais ne faisait rien. N’ayant pas l’audace des mesures révolutionnaires, elle n’avait pas non plus celle de la franche réac-

  1. Aulard donne dans son Histoire politique, deuxième édition, pp. 315-317, un excellent résumé de ces divers changements.