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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/45

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la convocation d’assemblées provinciales et la corvée. Mais il refusa d’enregistrer l’édit qui établissait de nouveaux impôts, — une nouvelle « subvention territoriale » et un nouveau droit de timbre. Alors le roi convoqua ce qu’on appelait un « lit de justice », fit enregistrer de force ces édits. Le parlement protesta, et gagna ainsi la sympathie de la bourgeoisie et du peuple. À chaque séance, il y avait foule aux abords du palais : clercs, oisifs, curieux, hommes du peuple se rassemblaient pour acclamer les parlementaires. Pour y mettre fin, le roi exila le parlement à Troyes, — et des manifestations bruyantes commencèrent à Paris. La haine du peuple se portait surtout — déjà alors — contre les princes (surtout contre le duc d’Artois) et contre la reine, qui reçut le sobriquet de Madame Déficit.

La cour des aides de Paris, soutenue par l’émeute populaire, ainsi que tous les parlements de province et les cours de justice protestèrent contre cet acte du pouvoir royal et, l’agitation grandissant toujours, le roi fut forcé, le 9 septembre, de rappeler le parlement exilé, ce qui provoqua de nouvelles manifestations à Paris, dans lesquelles on brûla le ministre de Calonne en effigie.

Ces troubles se passaient surtout au sein de la petite bourgeoisie. Mais en d’autres endroits ils prirent un caractère plus populaire.

En 1788, des insurrections éclatèrent en Bretagne. Lorsque le commandant de Rennes et l’intendant de la province se rendirent au Palais pour déclarer au parlement de Bretagne l’édit par lequel ce corps était aboli,