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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/468

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affreux qu’a causé dans nos armées cette doctrine anarchiste, qui, à l’ombre de l’égalité des droits, veut établir une égalité universelle et de fait ; fléau de la société, comme l’autre en est le soutien ? Doctrine anarchiste qui veut niveler talents et ignorance, vertus et vices, places, traitements, services.»

Oh ! cela, par exemple, les Brissotins ne le pardonneront jamais aux anarchistes : l’égalité de droit — passe encore, pourvu que jamais elle ne soit de fait. Aussi Brissot n’a-t-il pas assez de colères contre ces terrassiers du camp de Paris qui demandèrent un jour que le salaire des députés et le leur fussent égalisés ! ! Pensez seulement ! Brissot et le terrassier mis sur un même pied ! non pas en droit, mais de fait ! Oh, les misérables !

Comment les anarchistes étaient-ils parvenus, cependant, à exercer un pouvoir aussi grand, de façon à dominer même la terrible Convention, à lui dicter ses décisions ?

Brissot nous le raconte dans ses pamphlets. Ce sont les tribunes, dit-il, le peuple de Paris et la Commune de Paris, qui dominent la situation et qui forcent la main à la Convention, chaque fois qu’on lui fait prendre quelque mesure révolutionnaire.

À ses débuts — nous dit Brissot — la Convention était très sage. « Vous verrez, dit-il, la majorité de la Convention, pure, saine, amie des principes, tourner sans cesse ses regards vers la loi. » On accueillait « presque unanimement » toutes les propositions qui tendaient à humilier, à écraser « les fauteurs de désordre ».

On voit d’ici les résultats révolutionnaires qu’il fallait attendre de ces représentants, qui tournaient sans