Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/471

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résistance opposée par l’ancien régime, en toute chose, aux mesures décisives.

Le Girondin ne le comprend même pas. Il n’admet qu’une catégorie de mécontents : les citoyens qui craignent « ou pour leur fortune, ou pour leurs jouissances, ou pour leur vie » (p. 127). Toutes les autres catégories de mécontents n’ont pas de raison d’être. Et quand on sait dans quelle incertitude la Législative avait laissé toutes les questions du sol, — on se demande comment une pareille attitude d’esprit pouvait être possible ? Dans quel monde fictif d’intrigues politiques vivaient ces gens-là ? On ne les comprendrait même pas, si on ne les connaissait que trop bien parmi nos contemporains.

La conclusion de Brissot, d’accord avec tous les Girondins, la voici :

Il faut un coup d’État, une troisième révolution, qui « doit abattre l’anarchie ». Dissoudre la Commune de Paris et ses sections, les anéantir ! Dissoudre le club des Jacobins, mettre les scellés sur ses papiers.

La « roche Tarpeïenne », c’est-à-dire la guillotine, pour le « triumvirat » (Robespierre, Danton et Marat) et pour tous les niveleurs, tous les anarchistes.

Élire une nouvelle Convention, dans laquelle aucun des membres actuels ne siégerait plus, — c’est-à-dire le triomphe de la contre-révolution.

Un gouvernement fort, — l’ordre rétabli !

Tel est le programme des Girondins, depuis que la chute du roi les a porté au pouvoir et a rendu « les désorganisateurs inutiles ».