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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/483

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avec les royalistes, et lorsque tant de Girondins, d’accord avec « les blancs », reviendront au pouvoir après la réaction de Thermidor. Mais continuons la citation.

« Vous voulez la liberté sans l’égalité, dit la Montagne ; et nous voulons l’égalité, nous, parce que sans elle, nous ne pouvons concevoir la liberté. Hommes d’État, vous voulez organiser la République pour les riches ; et nous, qui ne sommes pas des hommes d’État… nous cherchons des lois qui tirent le pauvre de sa misère, et fassent de tous les hommes, dans une aisance universelle, des citoyens heureux et les défenseurs ardents d’une république universellement adorée. »

On voit bien que ce sont deux conceptions de la société absolument différentes. Et c’est ainsi que la lutte fut comprise par les contemporains[1].

Ou bien la Révolution se bornera à renverser le roi et, sans même chercher à consolider son œuvre par un changement profond des idées de la nation dans le sens républicain, elle s’arrêtera après cette première victoire et laissera la France se débattre comme elle pourra contre les envahisseurs allemands, anglais, espagnols, italiens et savoisiens, appuyés par les partisans de la royauté au-dedans.

Ou bien la Révolution fera dès maintenant, après

  1. On pourrait donner de nombreuses citations pour le prouver. Les deux suivantes peuvent servir d’exemple. — « Les Girondins voulaient arrêter la Révolution sur la bourgeoisie », dit Baudot. Ils voulaient « établir tout doucement une aristocratie bourgeoise pour remplacer la noblesse et le clergé », disait Bourdon de l’Oise, le 31 mai, au club des Jacobins (La Société des Jacobins, éditions de Aulard, t. V, p. 220).