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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/487

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se faisaient nommer à leurs places. Les révolutionnaires furent même forcés de se réorganiser, de façon à pouvoir accourir des sections voisines, pour prêter renfort aux sections qui seraient envahies par les bourgeois.

À Paris et en Province, il fut même question de demander aux municipalités d’indemniser, à raison de quarante sous par jour, ceux des hommes du peuple, indigents, qui assistaient aux séances et acceptaient des fonctions dans les comités. Sur quoi, les Girondins s’empressèrent sans doute d’exiger de la Convention que toutes ces organisations de sections, de sociétés populaires et de fédérations des départements fussent dissoutes. Ils ne comprenaient même pas quelle force de résistance l’ancien régime possédait encore, ils ne voyaient pas qu’une pareille mesure, prise en ce moment, eût assuré le triomphe immédiat de la contre-révolution — et « la roche Tarpéïenne » pour eux-mêmes.

Malgré tout, le découragement ne s’emparait pas encore des sections populaires. Mais le fait est que de nouvelles idées s’élaboraient dans les esprits, de nouveaux courants faisaient jour, et ces aspirations cherchaient encore leur formule.

La Commune de Paris, ayant obtenu de la Convention de fortes subventions pour l’achat des farines, réussissait à peu près à maintenir le prix du pain à trois sous la livre. Mais pour avoir ce pain à trois sous, il fallait passer la moitié de la nuit à faire la queue sur le trottoir, à la porte du boulanger. Et puis, le peuple comprenait que lorsque la Commune achetait le blé aux prix que lui extorquaient les accapareurs, elle ne faisait qu’enrichir ceux-ci aux dépens de l’État. C’était rester toujours