Aller au contenu

Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

VI

LES ÉTATS GÉNÉRAUX RENDUS NÉCESSAIRES


Pour quiconque connaissait l’état de la France, il était évident que le régime du gouvernement irresponsable de la Cour ne pouvait plus durer. La misère dans les campagnes allait en grandissant, et chaque année il devenait de plus en plus difficile de lever les impôts et de forcer en même temps le paysan à payer aux seigneurs les redevances et au gouvernement provincial les nombreuses corvées. Les impôts seuls mangeaient plus de la moitié et souvent plus des deux tiers de ce que le paysan pouvait gagner dans le courant de l’année. La mendicité d’une part, et l’émeute d’autre part, devenait l’état normal des campagnes. Et puis, ce n’était plus le paysan seul qui protestait et se révoltait. La bourgeoisie, elle aussi, exprimait son mécontentement à haute voix. Elle profitait, sans doute, de l’appauvrissement des paysans pour les enrôler dans l’industrie, et elle mettait à profit la démoralisation de l’admi-