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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/56

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cier et soulever davantage l’opinion générale contre la Cour. Lorsqu’il fut renvoyé (le 25 août 1788), sa démission provoqua des réjouissances dans toute la France. Mais puisqu’il avait si bien démontré l’impossibilité du régime despotique, il ne restait plus à la Cour qu’à se soumettre. Le 8 août 1788, Louis XVI était obligé de convoquer les États généraux et d’en fixer l’ouverture pour le 1er mai 1789.

Mais, ici encore, la Cour et Necker, rappelé en 1788 au ministère, s’arrangèrent de façon à mécontenter tout le monde. L’opinion en France était que dans les États généraux, où les trois ordres seraient représentés séparément, le Tiers-État devrait avoir une double représentation, et que le vote devait se faire par tête. Mais Louis XVI et Necker s’y opposèrent et convoquèrent même (6 novembre 1788), une seconde Assemblée des notables qui refuserait, ils en étaient sûrs, le doublement du Tiers et le vote par tête. C’est ce qui arriva en effet ; mais malgré cela l’opinion était tellement préparée en faveur du Tiers par les assemblées provinciales, que Necker et la Cour furent tout de même forcés de céder. Le Tiers-État reçut une double représentation, — c’est-à-dire que sur mille députés, le Tiers en recevait autant que le clergé et la noblesse réunis. Bref, ils firent tout ce qu’il fallait pour indisposer contre eux l’opinion publique, sans rien gagner. L’opposition de la Cour à la convocation d’une représentation nationale fut absolument vaine. Le 5 mai 1789, les États généraux se réunissaient à Versailles.