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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/578

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donné. Le 3 nivôse an III (23 décembre 1794), après une discussion orageuse, commencée par les thermidoriens dès le 18 brumaire (8 novembre), les décrets sur le maximum furent abrogés.

Le résultat fut une chute effroyable dans le prix des assignats. On ne donnait plus que 19 francs pour 100 francs en papier ; six mois après ce ne fut plus que 2 francs pour 100, et quinze sous seulement en novembre 1795. On paya jusqu’à cent livres une paire de souliers et jusqu’à six mille livres une course en voiture[1].


Nous avons déjà mentionné que pour procurer à l’État des moyens d’existence, Necker avait d’abord eu recours, le 9 et le 27 août 1789, à deux emprunts, de trente et de quatre-vingts millions. Ces emprunts n’ayant cependant pas réussi, il avait obtenu de l’Assemblée Constituante une contribution extraordinaire du quart du revenu de chacun, payé une fois. La banqueroute menaçait l’État, et l’Assemblée, entraînée par Mirabeau, vota la contribution demandée par Necker. Mais cette contribution ne produisit que bien peu de chose[2], et alors, nous l’avons vu, l’idée fut émise, de mettre en vente les biens du clergé, de créer ainsi un fonds de biens nationaux, et d’émettre des assignats qui seraient amortis au fur et à mesure que la vente de ces biens

  1. Sur les causes réelles de cette cherté tout à fait voulue, voyez Avenel, Lundis révolutionnaires, ch. III.
  2. En général, pendant toute la Révolution, les impôts ne rentraient pas. En février 1793, le Trésor n’avait encore rien touché de la contribution foncière et mobilière de 1792, et sur celle de 1791, il n’avait touché que la moitié — soit 150 millions. Tout le reste était à l’avenant.