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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/583

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latitude de circuler dans Paris, à la condition d’être suivi d’un gendarme. Vergniaud, Gensonné, Fonfrède restèrent en effet à Paris, et Vergniaud en profita pour adresser de temps en temps des lettres, pleines de fiel, à la Convention. Quant aux autres, ils s’évadèrent pour aller soulever les départements. Les royalistes ne demandaient pas mieux, et l’on vit bientôt des soulèvements contre-révolutionnaires éclater dans soixante départements, — les Girondins et les royalistes les plus outranciers marchant la main dans la main.

Dès 1791, il s’ourdissait déjà en Bretagne un complot royaliste qui avait pour but de rétablir les États de cette province et la vieille administration par les trois ordres. Tufin, marquis de la Rouërie, avait été placé par les princes émigrés à la tête de cette conspiration. Cependant le complot fut dénoncé à Danton, qui le fit surveiller. Le marquis de la Rouërie fut forcé de se cacher, et en janvier 1793, il mourut dans le château d’un de ses amis où il fut enterré secrètement. L’insurrection éclata néanmoins avec l’appui des Anglais. Par l’intermédiaire des marins contrebandiers, et des émigrés, qui s’étaient réunis, les uns à Jersey et les autres à Londres, le ministère anglais préparait une vaste insurrection qui devait lui livrer la place forte de Saint-Malo, Brest, Cherbourg et peut-être aussi Nantes et Bordeaux.

Lorsque la Convention eut décrété d’arrestation les principaux députés girondins, Pétion, Guadet, Brissot, Barbaroux, Louvet, Buzot et Lanjuinais, s’évadèrent pour se mettre, en Normandie et en Bretagne, à la tête de l’insurrection. Arrivés à Caen, ils y organisèrent l’Association des départements réunis, pour marcher contre