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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/625

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LVII

ÉPUISEMENT DE L’ESPRIT RÉVOLUTIONNAIRE


Le mouvement du 31 mai 1793 avait permis à la Révolution d’achever ce qui fut son œuvre magistrale : l’abolition définitive, sans rachat, des droits féodaux et l’abolition du despotisme royal. Mais, ceci fait, la Révolution s’arrête. La masse du peuple veut bien aller plus loin ; mais ceux que la Révolution a portés à la tête du mouvement n’osent pas le faire. Ils ne veulent pas que la Révolution s’attaque aux fortunes de la bourgeoisie, comme elle s’est attaquée à celles de la noblesse et du clergé, et ils usent de tout leur ascendant pour enrayer, pour arrêter, et enfin pour écraser cette tendance. Les plus avancés et les plus sincères d’entre eux, à mesure qu’ils approchent du pouvoir, ont tous les ménagements pour la bourgeoisie, alors même qu’ils la détestent. Ils mettent une sourdine à leurs aspirations égalitaires, ils consultent même du regard ce que dira d’eux la bourgeoisie anglaise. Ils deviennent à leur tour