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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/691

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parla beaucoup au club des Jacobins contre ces sociétés, — d’autant plus que les royalistes faisaient un effort concerté pour les envahir et s’en emparer. « Il est sorti du cadavre de la monarchie, disait un des Jacobins, Simond, une infinité d’insectes venimeux qui ne sont pas assez stupides pour en essayer la résurrection », mais qui cherchent à perpétuer les convulsions du corps politique[1]. En province, surtout, ces « insectes » ont du succès. Une infinité d’émigrés, continuait Simond, « gens de loi, gens de finance, agents de l’ancien régime », inondent les campagnes, envahissent les sociétés populaires et en deviennent les présidents et les secrétaires.

Il est évident que les sociétés populaires, qui n’étaient à Paris autre chose que des assemblées de sections organisées sous un autre nom[2], se seraient bientôt « épurées », pour exclure les royalistes déguisés, et elles auraient continué l’œuvre des sections. Mais toute leur activité déplaisait aux Jacobins qui voyaient avec jalousie l’influence de ces « nouveaux venus » qui les « dépassaient en patriotisme. » — « À les croire, disait le même Simond, les patriotes de 89… ne sont plus que des bêtes de somme fatiguées ou dépéries qu’il faut assommer, parce qu’ils ne peuvent plus suivre les nouveau-nés dans la route politique de la Révolution. » Et il trahissait les craintes de la bourgeoisie jacobine, en parlant de la « quatrième législature » que ces nouveaux venus auraient cherché à composer, pour aller plus loin

  1. Jacobins t. V, p. 623.
  2. Voyez, par exemple, chez Ernest Mellié, les statuts de la société populaire, organisée par la section Poissonnière.