Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/754

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moderne a seulement mis ces idées en systèmes, et trouvé des arguments en leur faveur, soit en tournant contre les économistes bourgeois certaines de leurs propres définitions, soit en généralisant les faits du développement du capitalisme industriel au cours du dix-neuvième siècle.

Mais je me permettrai d’affirmer que, si vague qu’il fût, si peu appuyé qu’il fût par des arguments d’allure scientifique, et si peu d’usage qu’il fît du jargon pseudo-scientifique des économistes bourgeois, le communisme populaire des deux premières années de la République voyait plus clair, et poussait son analyse plus profondément que le socialisme moderne. D’abord c’était le communisme dans la consommation — la communalisation et la nationalisation de la consommation — que visaient les fiers républicains de 1793, lorsqu’ils voulaient établir leurs magasins de blés et de comestibles dans chaque commune, lorsqu’ils se livraient à une enquête pour fixer la « vraie valeur » des objets de « première et de seconde nécessité », et lorsqu’il inspiraient à Robespierre ce mot profond, que le superflu seul des denrées pouvait être objet de commerce : que le nécessaire appartenait à tous.

Sorti des nécessités mêmes de la vie tourmentée de ces années, le communisme de 1793, avec son affirmation du droit de tous aux subsistances, et à la terre pour les produire, sa négation de droits fonciers en dehors de ce qu’une famille pouvait cultiver elle-même (la ferme de « 120 arpents, mesure de 22 pieds »), et sa tentative de communaliser le commerce, — ce communisme allait plus droit au fond des choses que tous les programmes