Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/79

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funeste : que s’il n’était pas déjà trop tard pour prévenir une Révolution, il fallait du moins faire l’essai d’une politique franche, ouverte, de concessions en matière de gouvernement ; qu’il fallait déjà poser dans ses grandes lignes le grand problème foncier, duquel dépendait la misère ou le bien-être de toute une nation.

Et quant aux représentants eux-mêmes, ni les deux ordres privilégiés, ni le Tiers ne saisirent non plus l’étendue du problème qui se dressait devant la France. La noblesse rêvait de reprendre un ascendant sur la couronne ; le clergé ne pensait qu’à maintenir ses privilèges ; et le tiers-état, bien qu’il comprît parfaitement la marche à suivre pour la conquête du pouvoir en faveur de la bourgeoisie, ne s’aperçut pas qu’il y avait un autre problème infiniment plus important à résoudre, – celui de rendre la terre au paysan, afin que, possédant une terre affranchie de lourdes redevances féodales, il pût doubler ou tripler les productions de cette terre et mettre fin de cette façon aux disettes chroniques qui rongeaient les forces de la nation française.

Quelle issue pouvait-il y avoir dans ces conditions, si ce n’était le choc, la lutte ? La révolte du peuple, le soulèvement des paysans, la Jacquerie, et le soulèvement des ouvriers et des pauvres en général dans les villes ! La Révolution, en un mot, avec toutes ses luttes et ses haines, ses conflits terribles et ses vengeances !

Pendant cinq semaines, les députés du Tiers essayèrent d’amener, par des pourparlers, les députés des deux autres ordres à siéger tous ensemble, alors que les comités royalistes travaillaient de leur côté à maintenir la séparation des trois ordres. Les conférences ne me-