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PRÉFACE

partis qui se disputaient le pouvoir. Toutefois l’étude des aspects économiques de la Révolution et de ses luttes reste encore à faire et, comme l’a très bien dit M. Aulard, une vie entière ne suffirait pas pour accomplir cette besogne, sans laquelle, il faut le reconnaître, l’histoire politique demeure incomplète et souvent incompréhensible. Mais toute une série de nouveaux problèmes, vastes et compliqués, s’offrent à l’historien dès qu’il aborde cet aspect de la tourmente révolutionnaire.

C’est pour essayer de démêler quelques-uns de ces problèmes que j’avais entrepris, dès 1886, des études séparées sur les débuts populaires de la Révolution, sur les soulèvements des paysans en 1789, sur les luttes pour et contre l’abolition des droits féodaux, sur les vraies causes du mouvement du 31 mai, etc. Malheureusement j’ai dû me borner, pour ces études, aux collections imprimées — très riches sans doute — du British Muséum, et je n’ai pu me livrer à des recherches dans les Archives nationales de France.

Cependant, comme le lecteur ne pourrait s’orienter dans des études de ce genre, s’il n’avait un aperçu général de tout le développement de la Révolution, j’ai été amené à faire un récit plus ou moins suivi des événements. Je n’ai pas voulu redire le côté dramatique de grandioses épisodes tant de fois narrés, et je me suis appliqué surtout à utiliser les recherches modernes, pour faire ressortir la liaison intime et les ressorts des divers événements dont l’ensemble forme la grande épopée qui couronne le dix-huitième siècle.

La méthode qui consiste à étudier la Révolution en prenant séparément diverses parties de son œuvre, offre certainement des inconvénients : elle entraîne nécessai-