Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/81

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Mais c’était la révolte contre le pouvoir royal. Aussi les princes (d’Artois, de Condé, de Conti), d’accord avec le garde des sceaux, se mirent alors à concerter un coup d’État. À un jour donné, le roi se rendrait avec grand appareil à l’Assemblée. Là, il casserait tous les arrêtés de l’Assemblée ; il ordonnerait la séparation des ordres et fixerait lui-même les quelques réformes qui devraient être faites par les trois ordres, siégeant séparément. Et que voulait opposer Necker, ce représentant parfait de la bourgeoisie de l’époque, au coup d’autorité, au coup d’État préparé par la Cour ? Le compromis ! Lui aussi voulait un coup d’autorité, une séance royale, et dans cette séance le roi accorderait le vote par tête, sans distinction des trois ordres, en matière d’impôts ; mais pour tout ce qui concernait les privilèges de la noblesse et du clergé, les ordres, siégeant séparément, seraient maintenus. Or, il est évident que cette mesure était encore moins réalisable que celle des princes. On ne risque pas un coup d’État pour une demi-mesure, qui d’ailleurs n’aurait pu se maintenir plus de quinze jours. Comment eût-on réformé l’impôt sans toucher aux privilèges des deux ordres supérieurs ?

C’est alors, le 20 juin, que les députés du Tiers, enhardis par l’attitude de plus en plus menaçante du peuple de Paris, et même de celui de Versailles, décidèrent de résister aux plans de renvoi de l’Assemblée et de se lier pour cela mutuellement par un serment solennel. Voyant leur salle de réunions fermée à cause des préparatifs que l’on y faisait pour la séance royale, ils se rendirent en cortège à une salle privée quelconque – celle du Jeu de Paume. Une masse de peuple accompagnait