Aller au contenu

Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mirabeau, Target et une centaine de ces insolents du Tiers ; et sûrement le maréchal de Broglie est dans Paris avec trente mille hommes. » (Mémoires de Dumouriez, t. II, p. 35). La duchesse se trompait : Necker ne fut renvoyé que le 11, et Broglie se garda d’entrer dans Paris.

Mais que faisait alors l’Assemblée ? Elle faisait ce qu’ont toujours fait, et feront toutes les Assemblées. Elle ne prenait aucune décision.

Le jour même où le peuple de Paris commençait à se soulever, c’est-à-dire le 8 juillet, l’Assemblée ne chargeait nul autre que Mirabeau, son tribun, de rédiger une humble supplique au roi ; et, tout en priant Louis XVI de renvoyer les soldats, l’Assemblée remplissait sa supplique d’adulations. Elle lui parlait d’un peuple qui chérissait son roi, qui bénissait le ciel du don qu’il lui avait fait dans son amour ! Et ces mêmes paroles, ces mêmes adulations, seront encore, plus d’une fois, adressées au roi par les représentants du peuple dans le cours de la Révolution !

C’est que la Révolution resterait incomprise si l’on n’y remarquait pas les efforts, sans cesse renouvelés, des classes possédantes pour tirer à elles la royauté et de s’en faire un bouclier contre le peuple. Tous les drames de 1793 dans la Convention sont déjà en germe dans cette supplique de l’Assemblée nationale, signée quelques jours avant le 14 juillet.