Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/303

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sont pas propriétaires de leurs maisons, mais il paraît que ceux qui possèdent ou louent une petite pièce de terre ou un jardin, ou encore élèvent quelques vaches, sont à leur aise, et que le pays, en général, est admirablement cultivé par ces tisserands.

Le principal centre industriel de cette partie de la région lyonnaise est sans contredit Tarare. Aux temps où Reybaud écrivit son ouvrage, déjà cité, « Le Coton », c'était un centre pour la fabrication des mousselines, qui occupait dans cette industrie la même situation que Leeds occupait en Angleterre dans l'industrie des lainages. Les filatures et les grandes manufactures d'apprêt se trouvaient à Tarare, tandis que les mousselines étaient à cette époque tissées et brodées dans les villages des environs, en particulier dans les régions montagneuses du Beaujolais et du Forez. Toutes les habitations de paysans, toutes les fermes et toutes les métairies étaient alors autant de petits ateliers, où l'on pouvait voir, écrivait Reybaud, le garçon de ferme d'une vingtaine d'années broder de fine mousseline, après avoir nettoyé ses écuries et ses étables, sans que ce travail délicat souffrît aucunement d'une combinaison de deux occupations aussi différentes. Bien au contraire, la délicatesse du travail et l'extrême variété des modèles étaient un des traits distinctifs et une des causes de succès des mousselines de Tarare. Tous les témoignages con-