Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/33

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mers. Bordeaux n’était plus le rival de Londres, et l’industrie française naissante semblait étouffée.

Favorisée par la puissante impulsion donnée aux sciences naturelles et à la technologie à une époque de grandes découvertes et d’inventions, ne trouvant pas de concurrents sérieux en Europe, l’Angleterre commença à développer en grand son industrie. Produire sur une large échelle, par énormes quantités, tel fut le mot d’ordre. Les forces humaines nécessaires, on les trouva parmi les paysans, à la fois chassés de leurs terres et attirés dans les villes par l’appât des hauts salaires. Le mécanisme nécessaire fut créé, et la production britannique d’articles manufacturés fit des progrès gigantesques. En moins de soixante-dix ans — de 1810 à 1878 — l’extraction de la houille monta de 10 à 133 millions de tonnes ; les importations de matières premières s’élevèrent de 30 à 380 millions de tonnes, et les exportations de produits manufacturés de 1100 millions de francs à 5 milliards. Le tonnage de la marine marchande fut presque triplé. Vingt-quatre mille kilomètres de chemins de fer furent construits.

Il est inutile de rappeler à quel prix furent obtenus ces résultats. Les terribles révélations des commissions parlementaires de 1840-42 sur la condition atroce des classes ouvrières, les récits d’enlèvements d’enfants, qu’on enfermait