Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/443

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mais « il ne contient pas d’autres matières organiques que celle qu’on y a mises ».

C’est là certainement l’opinion à laquelle arriveront tous ceux qui examineront attentivement le sol de Jersey. Et nous ne parlons pas de cette portion de l’île, le Quenvais, où, à l’époque de Quayle, on voyait « une Arabie pétrée », — un désert de sables et de monticules qui couvrait plus d’une trentaine d’hectares (p. 24), avec un sol un peu meilleur mais encore très médiocre au nord et à l’ouest. La fertilité du sol est tout artificielle. Elle est entièrement due, d’abord au vraic (varech, goëmon), sur lequel les habitants ont conservé des droits communaux, et ensuite aux quantités considérables d’engrais apportés par bateaux et mélangés au fumier des très nombreux bestiaux qu’on entretient dans l’île, et finalement à une admirable culture du sol[1].

Plus encore que le soleil et le sol, ce furent le mode de propriété foncière et le taux très bas des impôts qui contribuèrent au remarquable développement de l’agriculture à Jersey. Tout d’abord, le peuple des îles n’a presque pas affaire au percepteur. Alors que les Anglais acquittent plus de 60 francs d’impôts par tête, alors que le paysan français est écrasé de taxes

  1. En 1908 l’île de Jersey importait 9.460 tonnes d’engrais artificiels ; pour les îles Normandes, (Jersey, Guernesey, Alderney et Sark) l’importation était de 10.332 tonnes (valeur, 1.547.075 francs).