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Page:Lénine - La révolution prolétarienne et le rénégat Kautsky, 1921.djvu/53

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C’est ici que devient totale la rupture de Kautsky avec le marxisme et avec le socialisme. On ne peut pas mieux prendre le parti de la bourgeoisie, prête à tout admettre, sauf la transformation des organisations de la classe opprimée par elle en organisations d’État. Kautsky dès lors est perdu, impossible désormais de concilier et de résoudre avec des phrases toutes les contradictions.

Ou bien Kautsky s’oppose à ce que le pouvoir d’État passe aux mains de la classe ouvrière, ou bien il admet que la classe ouvrière prenne en main la vieille machine d’État bourgeoise, mais sans lui permettre aucunement de la briser, de la détruire et de la remplacer par une nouvelle, par la machine prolétarienne. Qu’on « explique », qu’on « interprète » comme on voudra le raisonnement de Kautsky, dans les deux cas la rupture avec le marxisme et la désertion du côté de la bourgeoisie sont évidentes.

Dans le Manifeste Communiste, en indiquant quel État il faut à la classe ouvrière victorieuse, Marx écrivait déjà : « L’État, c’est-à-dire le prolétariat organisé comme classe dominante ». Et voici un homme qui se prétend toujours marxiste, et qui déclare que le prolétariat unanimement organisé et menant la « lutte décisive » contre le capital ne doit pas faire de son organisation une organisation d’État. « Une foi superstitieuse en l’État », dont Engels écrivait en 1891 qu’elle s’était « emparée en Allemagne de la conscience de la bourgeoisie et même d’un grand nombre d’ouvriers », voilà ce dont fait preuve Kautsky. Battez-vous, ouvriers, notre philistin y « consent » (les bourgeois aussi y « consentent » du moment que, bon gré, mal gré, les travailleurs ont ouvert la lutte et qu’il n’y a plus qu’à chercher comment émousser