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Page:Lénine - La révolution prolétarienne et le rénégat Kautsky, 1921.djvu/85

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ments l’a montré avec évidence, cette armée républicaine avait gardé l’esprit de Kornilov, grâce aux cadres pénétrés de cet esprit. La caste des officiers bourgeois devait fatalement être korniloviste, infectée d’impérialisme, prête à écraser par la force tout mouvement du prolétariat. Or, la tactique des menchéviks revenait en fait à sauvegarder toutes les bases de la guerre impérialiste, tous les principes de la dictature bourgeoise, en retapant des détails, en replâtrant des vétilles, sous le nom de « réformes ».

Au contraire, aucune grande révolution ne s’est passée et ne peut se passer sans la « désorganisation » de l’armée. L’armée n’est-elle pas en effet la colonne la plus sûre de l’ancien régime, le bouclier le plus solide de la discipline bourgeoise, le soutien de la domination capitaliste, un instrument d’esclavage et d’asservissement des travailleurs ? La contre-révolution n’a jamais toléré, ni pu tolérer les ouvriers armés à côté de l’armée régulière. « En France, écrit Engels, à la suite de chaque révolution, les ouvriers ont été armés ; aussi, le premier vœu des bourgeois maîtres du pouvoir a-t-il toujours été de désarmer les ouvriers ». Les ouvriers en armes ont été le noyau de l’armée nouvelle, la cellule organique naissante du nouveau régime social. La bourgeoisie s’est toujours préoccupée avant tout de détruire cette cellule ou d’empêcher son développement. Le premier acte de toute révolution victorieuse, comme l’ont maintes fois souligné Marx et Engels, a été de détruire l’ancienne armée, de la disloquer et de la remplacer par une armée nouvelle. La classe sociale nouvelle qui aspire au pouvoir n’a jamais pu, et ne peut encore actuellement, obtenir et assurer sa domination autrement qu’en disloquant complètement l’ancienne armée,