— Mais oui, cher abbé ; grâce à Dieu, nous avons une petite fortune qui nous permet de nous déplacer pendant la belle saison… Vous nous accompagnerez dans nos pèlerinages…
— À Lourdes, hein ?
— Parfaitement.
— Tant, mieux ! j’ai toujours eu envie d’aller voir cette histoire-là…
— Vous nous confesserez.
— Plaît-il ?
— Je dis que vous nous confesserez… puisque vous serez notre directeur de conscience…
— C’est que… faut vous dire… je ne saurai peut-être pas… En Pologne, on ne confesse pas comme en France…
— Nous vous mettrons au courant…
— Pour lors, je ne dis plus rien…
— Nous terminerons votre instruction française ; car, ceci soit dit sans vous formaliser, cher abbé Vasilii, vous ne parlez pas encore bien correctement notre langue nationale…
— Vous croyez ?
Les deux dévotes eurent un sourire bénin.
— Par contre, dit vivement Irlande, vous nous apprendrez le polonais.
Philéas sursauta.
— Vous voulez que je vous apprenne le polonais ?
— Oui, cher abbé.
— Bigre de bigre ! se dit en lui-même le pompier, voilà qui me sera aussi commode qu’à un esturgeon du jouer de la clarinette.
Il se grattait la tête d’un air très embarrassé.
— Vous verrez, fit Scholastique, que nous serons de bonnes élèves.
— Diable ! diable ! pensait Philéas, qu’est-ce que je vais bien pouvoir leur apprendre en guise de polonais ?
Soudain, son front rayonna.
— J’ai une idée, continua-t-il à part lui.
Les deux dévotes avaient remarqué qu’il se parlait à lui-même.
— Vous cherchez, dit Irlande, quelque cantique varsovien que vous nous ferez chanter pour commencer notre éducation ?
— C’est cela, j’ai votre affaire… Écoutez-moi ça… C’est grand cantique que les Polonais chantent pour la Noël…
Et il se mit à beugler ces paroles étranges :