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LES TROIS COCUS


CHAPITRE XIX

À L’ARCHEVÊCHÉ


Deux dévotes archi-heureuses, c’étaient Irlande et Scholastique. Philéas, lui aussi, était heureux, à un certain point de vue : la vie lui apparaissait désormais sous l’aspect riant des bombances éternelles. Quant à filer le parfait amour, il trouverait bien, hors de son nouveau domicile, quelque agréable aventure.

La pensée de retourner à l’état-major des pompiers de la ville lui était bien venue une ou deux fois.

— Philéas, mon garçon, s’était-il dit, tu es en train de te mettre dans un mauvais cas… Tu vas tout bêtement être porté comme déserteur… c’est une fichue idée que tu as eue d’accepter d’être l’aumônier de ces deux vieilles folles…

Mais l’instinct de la gourmandise et la perspective d’une existence oisive remplie de chatteries reprenaient le dessus, l’emportant dans la balance.

Et puis, ce n’est pas tout que de songer à rentrer au corps ; comment y rentrerait-il ?

Se présenterait-il en soutane ? il lui faudrait expliquer le motif de ce costume, répondre à d’interminables pourquoi.

D’abord le ridicule pour lui, un ridicule qui lui resterait toujours dans sa compagnie ; ses camarades ne se feraient pas faute de l’appeler l’abbé, de lui colloquer des sobriquets aussi nombreux que désobligeants ; la vie lui serait impossible.

Ensuite, la soutane qu’il avait été obligé d’endosser chez le président Mortier ne se trouvait pas là à la suite d’un miracle ; Philéas ne croyait guère aux miracles : il y avait donc quelque curé compromis dans cette maison-là.

Ne pouvant s’imaginer qu’un prêtre était l’amant de la présidente, il attribuait à Églantine la présence de cette soutane. La petite scélérate ! Elle lui avait en effet paru bien émue quand il était arrivé. Il avait mis ce trouble sur le compte du xérès de la bourgeoise. Il s’agissait, parbleu ! du dérangement que sa venue occasionnait.