Aller au contenu

Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
LES TROIS COCUS

Il se plaça sur le canapé et l’entraîna à côté de lui.

— Voyons, dites le Confiteor

— Le Confiteor… Qu’est-ce que c’est ?

— Comment ! votre capucin ne vous faisait pas dire le Confiteor ?

Églantine était fort embarrassée. Elle avait complètement oublié, depuis le temps, les détails de ce ! exercice qui s’appelle la confession. À tout hasard, elle répondit :

— Non, mon précédent confesseur me faisait raconter tout de suite mes petits péchés…

— Soit, fit l’abbé Chaducul, très conciliant. Nous ferons comme lui. Supprimons le Confiteor et allons-y tout de suite… Êtes-vous menteuse ?

— Un petit peu, monsieur l’abbé…

— Dites : mon père… Depuis votre dernière confession, combien de fois avez-vous menti ?

— Diable ! j’ai perdu le compte.

— Et la gourmandise ?… Avez-vous commis le péché de gourmandise ?

— Oh ! oui… Madame a un vin de Xérès auquel je dis de temps en temps deux mots.

En disant cela, elle riait, montrant une superbe rangée de dents blanches.

— Vous avez de bien jolies dents, fillette… Montrez-les un peu encore… Riez… Tirez la langue… Elle est bien gentille, cette petite langue…

Églantine pensait qu’elle avait là un drôle de confesseur.

L’abbé Chaducul lui passa son bras autour de la taille.

— Parlez-moi sans réticence, sans feinte, reprit-il, et causons du péché mignon… Le commettez-vous quelquefois, le joli péché ?

Églantine rougit.

— Il ne faut rien cacher à son confesseur.

— Mais, monsieur l’abbé !…

— Il n’y a pas de mais qui tienne… Vous devez tout me dire… La main sur la conscience, vous n’avez pas d’amoureux ?

— Mais, monsieur l’abbé !…

— Appelez-moi : mon père, saperlotte !

— Mon père Saperlotte, le péché dont vous parlez…

— Dites : mon père, tout court…

— Mon père, tout court…

— Cristi !… Mon père… et rien de plus… Mon père !…

— Mon père, le péché dont vous parlez…

— Eh bien ?