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LES TROIS COCUS


CHAPITRE XXI

L’ODYSSÉE D’UN FIACRE À L’HEURE


Gilda Paincuit avait reçu de Laripette sa première leçon de cosmographie, et elle désirait suivre un cours complet.

À trois heures de l’après-midi, tandis qu’elle avait tout lieu de croire le plumassier à son magasin de la rue Saint-Denis, elle envoya sa domestique lui chercher un fiacre et dit en sortant :

— Je ne serai pas rentrée avant six heures, je vais faire un tour au bois de Boulogne.

Et, en effet, en sautant dans la voiture, elle lança ces mots au cocher :

— À l’heure… Menez-moi du côté des Champs-Élysées, en passant par le boulevard Saint-Germain.

Le cheval prit sa course en trottinant.

Lorsque le sapin arriva à l’intersection du boulevard Saint-Germain et de la rue de l’École-de-Médecine, la plumassière tapa vivement contre la vitre d’intérieur :

— Cocher ! cocher ! arrêtez une seconde !

L’automédon obéit. Un jeune homme, qui n’était autre que Robert, se précipita à la portière. Il ouvrit et prit place auprès de la jolie plumassière.

— Permettez-moi de changer votre itinéraire, chère dame, dit-il. J’ai à passer une seconde chez Me Bredouillard pour savoir où en est mon procès à propos de Pélagie. Cela ne nous écartera pas beaucoup, du reste, de la route que nous avons à faire pour nous rendre vers les Champs-Élysées.

— À votre guise, monsieur Robert. Peu importe la route que nous suivrons, du moment que nous sommes ensemble… J’avais si peur que vous ne fussiez pas exact au rendez-vous !…

— Oh ! quelle peur injuste !

Et il dit au cocher :

— Avant d’aller aux Champs-Élysées, vous arrêterez un moment à la rue Bonaparte, no 25.

La voiture roula.