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Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/177

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LES TROIS COCUS

— Et mon mari, donc ?… Ne vous êtes-vous pas rencontré avec Néostère chez votre avocat ?

— Moi ? pas le moins du monde.

— Vous n’avez pas vu mon mari cet après-midi ?

— Non !

Là-dessus l’explication se donne de part et d’autre. Gilda raconte à Robert qu’elle a vu venir son mari, que M. Paincuit est entré au n° 25 de la rue Bonaparte, qu’elle a pensé qu’il allait se trouver nez à nez avec Laripette chez Bredouillard, qu’il l’accompagnerait jusqu’à la voiture, et qu’elle a jugé prudent de s’esquiver pour éviter un esclandre.

Une fois renseigné, Robert narre à son tour qu’il a été fort surpris… de trouver le fiacre vide, dit-il ; car il n’a pas vu dans le cabinet de son avocat l’ombre du moindre Paincuit. Il se garde bien, naturellement, de parler de la remplaçante de Gilda ni des autres événements de la journée. Il a, affirme-t-il, attendu longtemps ; puis, ne la voyant pas revenir, il a congédié la voiture et fait tristement, seul, à pied, une partie de la promenade projetée.

La plumassière renouvelle à Robert ses excuses. On prend rendez-vous pour le lendemain, afin de réparer le temps perdu.

Sur ces entrefaites, survient M. Paincuit, accompagné de Bredouillard. Le plumassier est dans une joie sans pareille : il vient de faire une découverte merveilleuse.

Quelle est cette découverte ?

M. Paincuit ne croit pas seulement au spiritisme, il croit encore au magnétisme animal. Les tables tournantes ne lui suffisent pas, il lui faut aussi les somnambules. Or, Néostère, qui était déjà convaincu qu’il est un médium spirite, capable d’évoquer les esprits, croit maintenant qu’il est en outre médium magnétiseur, capable d’endormir ses contemporains.

Il y a en effet, de par le monde, des gens qui ont cette toquade : ils s’imaginent qu’ils oui dans les yeux des torrents de fluide et que, par la seule puissance de leurs regards, ils peuvent jeter les autres dans le sommeil.

J’ouvre une parenthèse :

Connaissez-vous l’histoire des deux médiums, si spirituellement racontée par mon ami Charles Leroy ?

Non, peut-être ? — Je vais vous la reproduire.

Cela s’est passé, affirme Leroy, du temps de Louis-Philippe. Il y a d’abord un peu de police là-dedans ; mais n’y prenez pas garde.

Un drôle a été arrêté : on le soupçonnait d’avoir empoi-