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Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/23

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LES TROIS COCUS

— Eh ! eh ! fit la chapelière après lecture, j’avais raison de me défier de cette délurée d’Églantine ; mon mari lui fait de l’œil, je m’en suis toujours douté, et ils ont trouvé ce moyen de correspondance, sous prétexte de coup de fer à donner au chapeau de M. le président… Les effrontés !… Heureusement, je suis là, et, sans rien dire, je veillerai au grain.

Ce disant, la chapelière avait confisqué la lettre, qui était ainsi conçue :

« Augustin, cette nuit j’ai rêvé de vous. Il me tarde de vous raconter mon songe. »

Le poulet n’était pas signé ; mais la chapelière ne douta pas qu’il fût adressé à son mari. De l’un de ses prénoms, le chapelier s’appelait Augustin.

Quand la chapelière rendit à la domestique le couvre-chef du président, Églantine remarqua que la commerçante dardait sur elle un regard mauvais.

— Tiens ! pensa-t-elle, qu’a donc Mme Suprême à me regarder ainsi ? Dirait-on pus que je lui ai mangé sa soupe ?… Ces marchands de casquettes, ça se croit sorti de la cuisse de Jupiter… En voilà-t-il, des airs que ça se donne !… La prochaine fois, j’irai faire astiquer mon coup de fer par M. Plumet, leur concurrent du quartier.