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LES TROIS COCUS


CHAPITRE XXXIII

LE MIRACLE DE LA BOSSE FONDUE


Différents petits miracles avaient été signalés dans la journée qui précéda l’apparition de Pie IX aux demoiselles Duverpin. Ils furent mentionnés dans l’Univers, dans le Pèlerin, dans le Journal de la Grotte et dans quelques organes religieux.

Quant à l’apparition du défunt pape, les deux vieilles filles, tout à leur joie, en soufflèrent quelques mots discrets à des dames de divers pèlerinages, mais sans donner de grands détails ; elles jugèrent prudent, et avec raison, de garder pour elles le secret des privautés intimes de l’habitant du ciel.

Aussi, en moins de quarante-huit heures, tous les dévots en station à Lourdes connaissaient le prodige.

La majeure partie des pèlerines se montraient avec admiration Irlande et Scholastique.

On chuchotait tout bas dans la basilique, en les montrant lorsqu’elles allaient à la sainte Table.

— Voyez-vous ces deux vieilles demoiselles qui s’agenouillent dans la nef pour communier ?

— Oui.

— Notre très saint père regretté Pie IX leur est apparu il y a trois nuits.

— À toutes deux successivement ?

— Non pas, à toutes deux ensemble.

— C’est un grand miracle.

— Certes.

— D’autant plus que ce n’est pas en rêve qu’elles l’ont vu ; elles ont touché sa soutane, elles ont eu l’insigne honneur de baiser ses mains…

— Des mains corporelles, n’est-ce pas ?

— De vraies mains, en chair et en os.

— Quelle joie ! Notre sainte religion ne manquera pas de triompher bientôt, puisque le ciel nous accorde les miracles que nous lui avons tant demandés !