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Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/41

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LES TROIS COCUS

— C’est parfait… Voire esprit est fort ingénieux, monsieur le docteur… Je vous en fais mon compliment.

— Madame, vous m’honorez beaucoup… Sur ce, nous agirions comme des gens avisés en nous remettant à la nage pour retourner à l’établissement… Souffrez-vous encore ?

— Oh ! oui, cela cuit diablement, l’oursin !

— En nageant, vous éprouverez moins de douleur qu’en restant assise.

— C’est vrai.

On se remit donc à la nage.

Une demi-heure après, Pauline et Robert retenaient un cabinet chez Isnardon. Ce jeune docteur commandait une plantureuse bouillabaisse.

La colonelle écrivit une lettre ainsi conçue :

 
« Cher oncle et chère tante,

« Ne m’attendez pas pour dîner. Je reste au bord de la mer, où je vais manger quelques coquillages ; vous savez que j’adore les oursins ; il y en a ici de superbes. J’irai directement au Gymnase.

« Pauline. »
 

L’Angelus n’était pas encore sonné à Notre-Dame-de-la-Garde, quand Robert Laripette revenait chez Isnardon. Il avait remis la lettre à un commissionnaire en ville, et il rapportait sa trousse.

Avec une adresse admirable, il retira une à une toutes les épines du fameux oursin ; puis il pansa la blessure.

Pauline était émerveillée ; l’opération avait été faite sans quelle eût éprouvé la moindre douleur.

Si l’on dîna de bon appétit, je ne vous le dirai point. Robert raconta, avec force détails, la Fille du Tambour-Major.

La colonelle expliqua au jeune docteur comme quoi elle était mariée à une espèce de sauvage qui ne parlait que de la couper en morceaux si jamais il apprenait qu’elle avait lacéré son contrat du moindre coup de canif.

— Mais alors, c’est un tigre, le colonel Campistron ? observa Laripette, qui s’était enquis du nom de sa charmante cliente.

— Tout ce qu’il y a de plus tigre !

— Diable !

Pauline se versa un verre de champagne (ce n’était pas le premier) et dit :

2.