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Page:Léon Daudet – L’Hérédo.djvu/258

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L’HÉRÉDO.

du pathétique au drame intérieur. Ce n’est pas tout que de convoiter et d’acquérir la fortune, encore faut-il la dépenser sans dommage, sans choc en retour.

L’avarice, c’est l’amour de tout ce qu’on possède ou de tout ce que l’on croit posséder. Celui qui restreint la fécondité naturelle est un avare, au même titre que celui qui cache son argent ou ses titres dans des pots de beurre. Le jaloux est un avare, chez qui l’instinct génésique est exaspéré ; mais cet instinct fonctionne plus ou moins dans toutes les formes de l’avarice, et il les peuple d’images troublantes et obsédantes, empruntées à la lignée héréditaire. C’est pourquoi l’avare et le jaloux sont des types si fréquents d’hérédo, si nets et si bien décrits par les romanciers et les auteurs dramatiques. L’autofécondation, la typification, le morcellement des hérédismes, l’automatisme intellectuel opèrent chez eux continuellement. Othello cache, voile, recouvre sa femme, comme Harpagon et Grandet cachent, voilent, recouvrent leur or. Les doctrines individualistes et les lois résultant de ces doctrines — par exemple le partage forcé — restreignent la dépense physiologique et