Aller au contenu

Page:Léon Daudet – L’Hérédo.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
272
L’HÉRÉDO.

à la disparition, à l’éclatement d’un système hérédostellaire dans les profondeurs de la personnalité. Souvent, à quelques mois ou quelques années de distance, ce système ou ce fragment de système repasseront dans le champ du soi, et l’amnésie cessera brusquement, et le sujet se demandera ce qui lui vaut une telle aubaine.

Il est à remarquer que ces soudains réveils de la mémoire sont accompagnés d’un court vertige, plus ou moins vif, suivant les individus. Ce vertige exprime physiologiquement le passage d’un état d’équilibre mental à un autre. Car, dans notre univers intérieur, comme dans l’autre, il y a une tendance permanente et immortelle à la reprise de l’équilibre, tendance qui est une vertu fondamentale du soi.

Les grands troubles mentaux, fonctionnels, ou organiques, sont le résultat d’un bouleversement profond dans la gravitation psycho-stellaire, sur laquelle le soi affaibli n’a plus surveillance, ni maîtrise. Il y a lieu, à mon avis, de reviser complètement la psychiatrie, en partant de ces données nouvelles, et de ne plus considérer seulement l’aliénation comme une altération du cerveau, mais bien comme