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Page:Léon Daudet – L’Hérédo.djvu/49

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LE RÉVEIL DES HÉRÉDISMES

trop ardue, ou un devoir de style, que je trouvais achevé au réveil. Cette douce surprise m’est encore faite par le jeu de l’autofécondation. La vie incessamment rappelle la vie. À mesure qu’elle s’écoule, elle se reforme, en utilisant les éléments antérieurs de la lignée, et chacun de nos personnages porte en inclusion, comme emboîtées les unes dans les autres, la multitude en abrégé des existences qui l’ont précédé, la faculté de les faire renaître.

Quels échos soudains, en nous-même, à l’occasion d’une simple sensation ! Parfois quelle vibration d’une chaîne, dont les anneaux s’illuminent à mesure, vivement, puis se perdent à nouveau dans les ténèbres intérieures ! Chacune des composantes du moi se trouve remplacée par la composante similaire de l’ascendant, le souvenir par le souvenir antérieur, l’état d’esprit par l’état d’esprit passé, l’aperçu de caractère et de tempérament, par l’entre-aperçu de caractère et de tempérament, l’aspiration vague par l’aspiration plus vague. Alors nous ne « voulons » plus ; nous sommes mus par une impulsion héritée, ou partagés cruellement entre des velléités disparates, qui