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Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/103

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LE DÉRÈGLEMENT DES PERSONIMAGES.

« écoute ses morts » et je pense que cela est psychologiquement très exact. Les communications extérieures qu’on lui adresse, les renseignements qu’elle sollicite et qu’elle reçoit, ne sont, en quelque sorte, que les stimulants de ce don, sans doute inné, et qui n’a presque jamais de défaillance. Elle a la vision instantanée de ce qui peut être utile ou nuisible au pays, de ceux qui peuvent le servir ou le desservir, de la nuée politique qui monte, de l’orage social qui est dans l’air. Mon père disait d’elle : « C’est une pythonisse. » Même dans les événements ou incidents de la vie courante, j’ai vérifié souvent l’étonnante justesse de ses pressentiments. Avec cela, cette femme d’État est une ménagère très pratique, qui administre sa maison avec une sagacité incomparable, et ne dédaigne pas de descendre aux plus petits détails. Elle peut être très gaie, d’une gaieté d’enfant et son optimisme est célèbre. Même remarque que pour Henry Vivier.

D’après ce qui précède, il faut s’attendre à rencontrer des intuitifs chez les descendants, fils ou petits-fils d’observateurs. Cela se vérifie notamment chez les paysans, forestiers, garde-chasses, pêcheurs, etc…, qui développent, en prévision du temps, des facilités de métier, des circonstances favorables ou défavorables, leurs personimages observatrices. Qu’est-ce qu’une loi, au sens scientifique ? C’est la répétition d’un fait d’observation, généralisée par l’induction. L’intuition est à l’observation ce que la loi est au fait répété. Quelquefois elle