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Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/117

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LE DÉRÈGLEMENT DES PERSONIMAGES.

rement ? Comme le coquillage concentre et garde le bruit de la mer, l’être humain concentre, accumule, puis élimine et dépense les cadences physiologiques de ses pères, leur donnant issue sur le plan amoureux, ou de la création poétique et musicale. Le lyrisme serait ainsi une somme d’images, transmises sur un rythme verbal, hérité lui-même des rythmes sanguins et nerveux. D’où la magie inhérente à la profonde poésie, qui s’en va, par le monde et les âges, réveiller des vivants à la ressemblance de ces morts dont elle est le legs.

Ce point de vue de la mémoire au delà de l’être, de la mémoire imaginative héréditaire, et de son dérèglement par la vie quotidienne, l’ambiance et le désir, me parait mériter une étude à part. Il en est peu d’aussi subtils, d’aussi mystérieux, d’aussi recouverts par le trantran moral et mental, d’aussi chargés en conséquences.