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Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/130

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LE MONDE DES IMAGES.

à ce moment-là, l’auteur de l’Artésienne avait conçu le drame dans son ensemble, et il l’écrivit dans la fièvre, sous la dictée immédiate de cette évocation. Ce drame a l’accent provençal ; il est semé de dictons méridionaux ; bien qu’écrit en français d’oïl, il se rattache au mouvement si important du Félibrige mistralien. Puis du temps passa, mon père écrivit de nombreuses pièces, de nombreux romans, où l’émotion intense, douce et cruelle (toujours le « je ris en pleurs » de Villon !) palpite sous la leçon morale. Car c’est là sa grande caractéristique, et qui l’apparente à nos meilleurs classiques. Vers la fin de sa trop courte vie, brille et s’élance hors de ses deux mémoires (l’individuelle et l’héréditaire), ce Trésor d’Arlatan, qui est comme une réplique de l’Artésienne. Si vous n’avez pas lu le Trésor d’Arlatan, lisez-le. C’est une petite tragédie rustique, qui se balance, au-dessus des marais dorés et vireux de là Camargue, comme l’entrevision hallucinatoire d’une belle fille nue et pâmée. Un accent déchirant de volupté mélancolique, joint à l’idée du fas et du nefas, plane là-dessus, trait d’alto parmi l’accord des violoncelles, des harpes et des hautbois. Nous voyons ainsi, après un grand cycle littéraire, composé d’une trentaine de romans et de livres de contes, le même groupe d’hérédofigures inspirer à nouveau Alphonse Daudet, et avec un bonheur égal.

Le désir, tel que nous l’avons défini, est une vibration communiquée à la fois à l’organisme et à