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Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/198

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LE MONDE DES IMAGES.

Cette concordance explique la grande influence exercée par les œuvres de l’esprit (combinaisons de fantômes reviviscents) sur ces œuvres de l’esprit-corps que sont les hommes.

La conception d’un être humain comporte, sous un infiniment petit volume d’éléments figurés (mais très importants) qui se compénètrent, une grande variété de personimages, de penchants physiques, moraux, intellectuels, qu’agenceront, modifieront et transformeront, dans une certaine mesure, les circonstances de la vie. Parmi ces circonstances, les unes sont permanentes et universelles, comme le retour des saisons, les marées, la succession du jour et de la nuit, les jeux de l’eau et du feu, la pesanteur terrestre, etc…, d’autres sont transitoires et limitées, et tiennent au milieu et à l’entourage.

La conception d’une œuvre de l’esprit, notamment d’une œuvre littéraire ou philosophique, comporte, dans un fort petit volume d’hérédofigures, qui se compénètrent (la mémoire personnelle attaquant l’héréditaire, comme le spermatozoïde attaque l’ovule) une infinie variété de personimages, de penchants, qu’agenceront, modifieront et transformeront aussi, selon un certain rythme, les circonstances permanentes ou transitoires.

De même que le futur être humain est projeté tout entier, dès la conception, sur le plan de la vie, à la façon d’une carte muette, de même l’œuvre future (je parle d’œuvres fondamentales : l’Iliade,