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Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/256

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LE MONDE DES IMAGES

nouvelle question qui se pose est celle de savoir ce que deviennent ces rythmes dans l’homme, une fois qu’il est sorti du ventre maternel et en conflit, par ses générateurs, avec sa formatrice, la nature.

Ces rythmes élémentaires se communiquent à l’homme par l’intermédiaire des hérédofigures et de leurs prolongements somatiques et fonctionnels. Le feu couve en nous vers 37 degrés et peut monter, par la fièvre, jusqu’à 42. L’eau nous baigne, marine par le sang, terrestre et limoneuse par la lymphe. L’air emplit l’arbre pulmonaire et les cellules de la moëlle osseuse. La continuation de l’espèce, autre forme de l’élémentaire, est inscrite en nous dans ces appareils différenciés, complexes, encore infiniment peu connus dans leurs connexions avec les hérédofigures, que sont les organes sexuels, chez qui le baroque du procédé s’associe au gaspillage de la substance. C’est là un des points de résistance les plus saisissants de l’homme à la nature. Outillés, dans leurs cellules génératrices, pour donner la vie à des milliers d’êtres, l’homme et la femme ne donnent par leur accouplement, la vie qu’à quelques-uns. Analogie frappante avec les milliers et les milliers d’images qu’accumule en nous la mémoire héréditaire, et le petit nombre de celles que féconde la mémoire individuelle pour nos besoins, nos travaux et nos rêves.

Quant à la volonté, (pour la plus grande partie, expression du soi), qui meut les hérédofigures, elle existe aussi, pour une part moindre, dans la mémoire héré-