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Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/92

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particulière, partant d’une remarque juste, pour se perdre bientôt dans la fumée verbale, et qu’il chérissait justement à partir du point où elle devenait incompréhensible. Je me disais alors : « Il pense trop vite ». Je dis aujourd’hui : « Il avait perdu tout gouvernement sur les figures héréditaires, qui se succédaient trop rapidement en lui. » Il arrivait un tournant où ses métaphores s’enchevêtraient, ainsi que dans l’Après-Midi d’un Faune :

Mon doute, amas de nuit ancienne, s’achève
En maint rameau touffu, qui,
Demeuré les vrais bois mêmes,
Prouve, hélas, que, bien seul, je m’offrais
Pour triomphe la faute idéale des roses.

Le sens y est encore, mais prêt à disparaître dans un amphigouri, tenant à la confusion mentale, signalée plus haut.

Nous reportant à l’Hérédo, nous concluons que c’est l’affaiblissement du soi (impulsion créatrice, tonus du vouloir, équilibre par la sagesse) qui affole ainsi et précipite le rythme psycho-organique des personimages. Beaucoup d’êtres humains sans moyens d’expression, qui ne sont ni littérateurs, ni artistes, souffrent d’une pareille accélération : tous les abouliques notamment, qui n’agissent plus, soit que trop d’images d’actions contradictoires se présentent simultanément à leur esprit, soit qu’au contraire ces déroulements d’images intérieures, d’hérédoïmages, soient trop rares ou trop lents. Les abouliques par surcroît psychique sont aussi nombreux