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Page:Léon Daudet – Le stupide XIXe siècle.djvu/120

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LE STUPIDE XIXe SIÈCLE.

derniers temps de sa vie, de traiter ce grand sujet de la contrainte littéraire avec Mistral et j’eus la joie et la fierté de le trouver entièrement de mon avis.

Le romantisme, ayant divinisé l’instinct et fait de la passion la seule règle de la vie et du style (tout en réduisant celle-là à ses gestes les plus désordonnés, ce qui eût fait frémir Racine, Euripide, et tous les véritables passionnés), il était à prévoir que tous les instincts, et les plus vils, et les plus stériles, y passeraient. Du moment que le laid est beau et que le beau est laid, pourquoi se gêner ? La déjection et l’excrément vont réclamer leur droit à la vie littéraire. On ne saurait trop répéter que Zola est l’aboutissement naturel du romantisme, dont il a les principales tares, le verbiage, les répétitions, le procédé, l’égarement feint, et aussi l’hypocrisie. Quand, saoulé de ses propres ordures, il voulut faire quelque chose de décent, de lyrique et de chaste, il écrivit ce pastiche de Hugo, le Rêve, avec des amoureux qui ont l’air de sortir d’une maison de correction, et un bleu et un rose, censés « mystiques », produits visiblement par la distillation d’un engrais. On n’a pas assez remarqué que l’Assommoir, le Ventre de Paris sont construits, comme Notre-Dame de Paris, autour d’un site central, qui est non plus une cathédrale, mais un caboulot de faubourg ou une fromagerie des Halles, et qui motive, domine, inspire et meut les personnages. Je l’ai déjà défini quelque part, ce naturalisme effroyable, le romantisme de l’égout…

L’esthétique de Zola, et les principes posés par